Baudime d'Auvergne

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Baudime d'Auvergne
Buste de saint Baudime, église de Saint-Nectaire.
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Saint Baudime d'Auvergne ou encore Baudimius, Baudenius, Baudelius, Baudèle, Bauzély, Bauzile, Beauzire, Boil est un compagnon de Nectaire d'Auvergne, avec lequel il aurait évangélisé la région des Dores et des Dômes[1] à la fin du IIIe siècle. Saint Baudime passe pour avoir terrassé un dragon. Il est fété le 2 juin.

Il se serait retiré ensuite avec Nectaire et Auditeur près de l’église qu’ils avaient fait édifier au mont Cornadore sur l'emplacement d'un lieu de culte dédié à Irminsul, voire un temple dédié à Hermès-Apollon[2].

Légendes[modifier | modifier le code]

Des incertitudes règnent sur l'époque dans laquelle il convient de replacer la biographie de saint Austremoine, premier évêque d'Auvergne, et sur celle de ses compagnons. Ainsi les légendaires comportent-ils des récits partiellement extraordinaires.

Baudime, terrassant un dragon[modifier | modifier le code]

L'un des chapiteaux de l'église de Saint-Nectaire figurerait le saint ayant les pieds sur un monstre, faisant penser à saint Baudime qui aurait terrassé un dragon.

« La légende raconte que S. Baudime tua un monstre qui désolait la contrée : allégorie par laquelle on a voulu peindre son triomphe sur les mœurs barbares et les superstitions de ce peuple qu'il convertit à l'Évangile[3]. »

Comme Nectaire et Auditeur, saint Baudime dut affronter une forte résistance à l'évangélisation, la population celte, arverne de la région étant fortement vouée au culte de la divinité du Chêne Irminsul.

Alors que saint Baudime passait par Ronzières, il trouva une source dédiée aux fées. Il y prêcha et la consacra à Notre-Dame. La source dispensa alors une eau guérisseuse et ne tarissant jamais.

Baudime, présent lors de la résurrection de saint Nectaire[modifier | modifier le code]

Selon la Vita Nectarii (XIIe siècle) de Clermont-Ferrand[4]

« [...] De Rome, Nectaire se rend dans l'Arvernie, avec une mission composée de nombreux prêtres, au nombre desquels était saint Baudime et présidée par saint Austremoine, premier évêque de Clermont. Arrivé à Sutri, ville d'Italie, Nectaire meurt, usé avant le temps par ses pénitences et ses travaux apostoliques. Austremoine envoie Baudime porter à Rome la triste nouvelle. Le Souverain Pontife se rend à Sutri. Il s'agenouille devant le corps du jeune apôtre et, au nom du Dieu tout-puissant, le rappelle à la vie et le rend à ses compagnons[5]. »

Le troisième chapiteau, en partant de la gauche du chœur, évoquerait cet épisode, mais toutes les biographies de saint Nectaire n'évoquent pas de prédécès, ni résurrection.

Culte[modifier | modifier le code]

Deux églises d'Auvergne lui consacrent un culte: l'église romane de Saint-Nectaire, dans laquelle son buste reliquaire datant du XIIe siècle est conservé et l'église Notre-Dame de Ronzières aussi appelée église Saint-Baudime, toutes deux dans le département du Puy-de-Dôme.

Notre-Dame de Ronzières[modifier | modifier le code]

Une antique source sacrée à Tourzel-Ronzières[modifier | modifier le code]

« Les auteurs anciens, entre autres Pline et Varron, nous apprennent ainsi que les sources et les fontaines étaient alors l'objet d'un culte spécial. Des cérémonies, appelées Fontinalia, s'accomplissaient auprès d'elles, à certaines dates, et pendant des semaines, surtout à l'arrière-saison, les pèlerins se succédaient aux fontaines sacrées.

Les premiers apôtres du christianisme profitèrent de ces pèlerinages, de ces assemblées d'habitants de la contrée, pour prêcher aux foules la loi nouvelle, et c'est souvent de cette façon, que furent jetées dans les terres païennes, les semences de la moisson évangélique.

Nous retrouvons à Ronzières ce mode d'évangélisation.

À mi-côte du rocher, sur le flanc nord, une source attirait toutes les populations d'alentour. [...] Le premier missionnaire qui prêcha auprès d'elle fut saint Bausile, Bauzire ou Baudime, compagnon de saint Nectaire. [...] La fontaine ou source de Notre-Dame existe toujours. Elle se trouve dans une sorte de petit édicule en ruine, qui a dû jadis, en même temps qu'il recouvrait la source, servir d'abri à une image de la Sainte-Vierge. Une grille protégeait la statue, car l'on voit encore dans la pierre qui est au-devant, les trous où étaient scellés les barreaux de la grille. Les débris d'une croix en arkose sont tout à côté.

Nous ajouterons que la Fontaine-Notre-Dame porte aussi, dans le pays, le nom de « Fontaine de Saint-Beauzire », dénomination qui perpétue le souvenir de l'apôtre qui là, auprès de cette source, parla aux foules païennes et les amena au christianisme[6]. »

Source de Font-Notre-Dame :

« Baudime ou Baudile annonça donc le Christ dans le pays de Ronzières, dans ce pays dont le nom significatif révèle les ronces envahissantes et les inextricables broussailles d'autrefois. [...] Bausile consacra à la Vierge la fontaine de la côte de Ronzières. Le culte de la Mère de Dieu s'y établit, et la source prit le nom de Font-Notre-Dame. Une croix fut érigée au-dessus. Un document, en date du 26 septembre 1738, nous fournit la preuve de ces faits[3]. »

La nomenclature initiale de l'église reflète cette évangélisation :

Ecclesia Rongeriarum[modifier | modifier le code]

« Baudime (ou Bauzire), compagnon de saint Nectaire, y fut envoyé prêcher à la demande de saint Austremoine, premier évêque de Clermont et évangélisateur de l'Auvergne au IVe siècle. C'est pourquoi l'église fut placée, à partir du Xe siècle, sous la double apellation [sic] de Notre-Dame Saint-Bauzire au moment où le culte du saint prédicateur se répandit dans cette région du Lembronnais (Saint Germain Lembron, anciennement Liziniacum, entre Issoire et Brioude).

Jusqu'à la révolution, c'est le chapitre de la cathédrale de Clermont, qui, malgré la donation de 959[7] à l'abbaye de Sauxillanges, nomma les curés de la paroisse de Saint Bauzire, devenue au XIIe siecle Notre Dame de Ronzieres[8]. »

Sous l'influence de Saint Bernard de Clairvaux, le XIIe siècle voit le « Culte de la Mère de Dieu » prendre son essor. Les sanctuaires qui s'élèvent de toute part, sont dédiés à « Notre-Dame ».

Ronzières, propriété des comtes d'Auvergne[modifier | modifier le code]

Au XVIIe siècle, l'église de Notre-Dame de Ronzières est placée sous le patronage de saint Baudille. Un procès-verbal de 1604 l'atteste à deux reprises : « Les festes de la paroisse sont S. Baudille, patron de la chapelle de N.-D. de Ronzières » et un peu plus loin : « Au-dessus du maistre-autel (...) il y a une image de S. Baudille, patron de la dite chapelle[6]. »

Oratoire de Saint Baudime[modifier | modifier le code]

Sur le rocher de Ronzières s'élevait aussi un oratoire éponyme du saint.

Église de Saint-Nectaire[modifier | modifier le code]

L’église de Saint-Nectaire a été construite au XIIe siècle, sous l’impulsion des moines bénédictins de la Chaise-Dieu. Le clocher fut entièrement détruit en 1794, les reliques et objets de valeur échappant de peu à la destruction ou la fonte durant cette période. L'eglise a été classée monument historique dès 1840. Son clocher à deux étages date de 1875[9][réf. souhaitée].

Tombeaux de l'église de Saint-Nectaire[modifier | modifier le code]

Le sarcophage de Baudime serait dans l'église de Saint-Nectaire[10].

Chapiteaux de l'église de Saint-Nectaire[modifier | modifier le code]

Baudime figurerait dans l'évocation de la résurrection de saint Nectaire, sculptée sur les chapiteaux de l'église de Saint-Nectaire

« C'est cette résurrection qui est figurée ici. Le corps de Nectaire est placé dans un cercueil en pierre, pareil à ceux qui ont été extraits de notre église et qui sont actuellement derrière l'abside. Le cercueil lui-même est posé sur une construction romane, assez semblable à un pont à trois arches, légèrement incliné : ce doit être le tombeau. Le Souverain Pontife se tient aux pieds du mort et le touche[11]. »

Buste byzantin de S. Baudime[modifier | modifier le code]

L'église de Saint Nectaire possède un buste byzantin de saint Baudime. Il s'agit d'un reliquaire d'environ 75 cm. La tête et les mains sont en cuivre, probablement issu du recyclage d'une statue antique, montées sur un buste en chène recouvert de plaques de cuivre repoussé. Les yeux sont en en corne et ivoire. Sur le visage, la barbe est extrêmement finement poinçonnée. Le personnage de Saint-Baudime bénit de sa main droite légèrement levée tandis que l'autre tient un étui. Ce reliquaire aurait abrité des ossements de Saint-Baudime.

Une partie des historiens émet toutefois l'hypothèse selon laquelle il a pu être le reliquaire initial consacré à Nectaire, avant que ses reliques n'aient été transférées dans un nouveau reliquaire datant de la fin du XVe siècle. Ce reliquaire aurait alors été attribué à saint Baudime[12].

Saint-Baudime est invoqué pour détourner le mal.

Trivia[modifier | modifier le code]

Le buste initial de saint Baudime était orné de pierreries figurant les boutons de la chasuble[13]. En 1907, ce buste fut volé par la « bande Thomas », de Clermont[14], puis retrouvé, mais dépouillé de ses cabochons, et restitué à l'église de Saint-Nectaire[6].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Région du mont Dore et de la vallée de la Dore ainsi que du Puy-de-Dôme. Les communes de la Tour-d'Auvergne, Laqueuille, Saint-Pierre-Roche, Ceyssat, Besse et Saint-Pierre-Colamine font partie de cette région (cf Le Moniteur 22 février 1922) dont les racines celtes correspondent à une grande partie du département du Puy-de-Dôme (cf. Dauzat Albert. La toponymie gauloise de l'Auvergne et du Velay. In: Revue des Études Anciennes. Tome 33, 1931, n°4. pp. 357-388).
  2. Louis Mayeul Chaudon, "Dictionnaire historique, critique et bibliographique, contenant les vies des hommes illustres, célèbres ou fameux, de tous les pays et de tous les siècles, suivi d'un dictionnaire abrégé des mythologies, et d'un tableau chronologique des événements les plus remarquables qui ont eu lieu depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours", Volume 30, , Ed. Ménard et Desenne, 1823, p. 156
  3. a et b Abbé Forestier, L'église et la paroisse de Saint-Nectaire, Clermont, Thibaud, 1878.
  4. Vita Nectarii: Clermont-Ferrand, Bibliothèque Municipale, ms. 149, fol. 119-122
  5. SelonVies des saincts et sainctes d'Auvergne et du Velay de Jacques Branche (1590-1662), c'est saint Austremoine qui informe le pape
  6. a b et c dans Élie Jalloustre (1846-1915, historien de l'Auvergne), Un pèlerinage d'Auvergne : Notre-Dame de Ronzières, Impr. Riom 1913, p. 33 et s. (BNF 12251571)
  7. En 959, l'évêque de Clermont, Étienne II, qui était de la famille des comtes de Clermont, donne au prieuré de St Pierre à Sauxillanges, « le mas ou manse de Ronzière (mansum de Rauseria), avec toute la terre qui en dépend » dans Gallia christiana. Instrumenta ad ecclesiam Claromontensem, 1720, lire en ligne)
  8. Dominique de Larouzière-Montlosier. L'invention romane en Auvergne. De la poutre à la voûte (fin Xe – XIe siècle). Chapitre Ronzieres dans L'Encyclopédie du Massif central, Éditions Créer, 2003, 346 p.
  9. La Montagne, lundi 29 juillet 2013, p. 3
  10. Jérôme Baschet, Jean-Claude Bonne et Pierre-Olivier Dittmar, « Chapitre III - Saint-Nectaire : déploiements figuratifs et auto-glorification de l'Ecclesia », Images Revues [En ligne], “Iter” et “locus”. Lieu rituel et agencement du décor sculpté dans les églises romanes d'Auvergne, Hors-série 3 | 2012, mis en ligne le 21 novembre 2012, consulté le 10 février 2020. URL : http://journals.openedition.org/imagesrevues/1611
  11. Rochias G., Les chapiteaux de l'église de Saint-Nectaire., dans Bulletin Monumental, tome 73, année 1909, pp. 213-242 lire en ligne.
  12. Dominique Allios, Saint-Nectaire en Auvergne : de l’invention à la glorification d’une mémoire, dans Arturo Carlo Quintavalle (dir.), Medioevo: immagine e memoria, Milan, Electra, 2009, p. 194-204
  13. Lambert Élisabeth d'Aubert, comte de Résie, Histoire de l'Église d'Auvergne, contenant les événements religieux, civils et politiques, la vie des saints de l'Auvergne, du Velay et du Bourbonnais, la fondation des principales églises, des abbayes, des prieures, etc., de ces trois provinces, depuis saint Austremoine jusqu'à l'année 1560, Impr. chez Lhuillier, Paris, 1855.
  14. Centre France, « Mémoire des lieux - Octobre 1906 : les pilleurs d'églises clermontois échouent à voler les trésors de l'abbatiale de Mozac (Puy-de-Dôme) », sur www.lamontagne.fr, (consulté le )